Paris-Cauchemar
(1870-1871)
(1870-1871)
À Mr. Étienne R. Veron de Braïla
Un ciel de gouffre, et des images très opaques,
Nuit d'horreur, - mais, parfois, la lune dans le bleu,
Et Paris, et l'hiver grelottant sur les flaques,
Et les long boulevards et ses lignes de feu.
Et des éclairs aussi: - l'homme sinistre et pâle
Dressé, spectre farouche, au-dessus du grand bruit,
Et la cité - chaos, et son immense râle,
Et ses miroitements s'abîmant dans la nuit.
Paris-Cauchemar, et Paris-Déséspérance,
Réel enfer, à nul fictif enfer pareil,
Salut, pourtant, cité très noble, Paris-France,
Malgré ta nuit restant toujours Paris-Soleil.
Alexandru Macedonski, Bronzes, 1897, p. 219-222
Enfer
Au coeur du gouffre blème où Dieu gîta le sel,
Des voûtes, vainement, suintent, mornes, des larmes,
Les pâles reprouvés aguerris aux alarmes
Font voler en éclats les scellés du recel.
D'aucuns, les traits divins malgré le sombre scel,
Lèvent parfois des yeux volés d'étranges charmes,
Mais leurs torses puissants comme des troncs de charmes
Peupleraient de démons les pages d'un missel.
Et l'acier sur le roc résonne, métallique,
S'entrechoque, et l'écho lui donne la réplique,
Et la paroi s'ébranle et l'enfer s'élargit,
Et malgré la ténèbre, et malgré la souffrance,
Qui, formidable, croit, s'exaspère, et rugit,
Nul enfer où soudain ne chantât l'espérance.
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