Dialogue on the Threshold

Schwellendialog

02 March 2014

Nations policées, pays incultes

Ne sortons point de notre continent, tant que la terre y est habitable. Les peuples barbares sont venus autrefois du Nord, inonder le Midi de l'Europe. Veut-on prévenir une seconde révolution aussi funeste? C'est aux nations éclairées et policées, d'apporter les arts de la civilisation dans les antres et les rochers soumis à la grande Ourse. Rendons ces bois, s'il est possible, dignes d'être habités. On ne les quittera plus, pour dévaster nos villes et nos guérêts. Étendons la lumiere jusqu'au Nord, avant que le Nord répande de nouveau ses ténébres sur nous. Une des raisons qui doivent engager toute l'Europe à contenir la Russie dans les limites que la fortune a données jusqu'à présent à cet Empire ; c'est que réduite à tourner ses efforts vers le Pôle, elle y soumettra de proche en proche, toutes les petites Nations que la Nature a semées comme par hazard dans les arides plaines qui bordent les mers glaciales. Ces Peuples grossiront, à la vérité, la masse de ce corps pesant et formidable ; mais ils ne pourront de long-temps se réunir pour une invasion. Le chef-d'œuvre de la politique Européenne seroit peut-être de diviser ces pays incultes, entre les trois Puissances du Nord, les plus voisines du Pôle. Après avoir rendu à la Pologne sa liberté, dont l'abus, qu'elle en fait, ne sera jamais funeste qu'à elle-même, il seroit à souhaiter qu'on pût étendre les limites de la Suede et du Danemarck, dans les régions infécondes de la Sibérie et de la Tartarie. Si ces trois corps se balançoient dans les progrès de leur domination, leur équilibre soutiendroit celui de l'Europe entière. C'est ici qu'on peut appliquer d'une manière utile aux Peuples, la maxime imaginée par la tyrannie, pour les fouler impunément ; divisez pour régner. Si les États de l'Europe veulent être libres, indépendans ; qu'ils ne laissent aucun Empire s'aggrandit au point d'en accabler un autre. L'oppression d'un seul entraîneroit la ruine de plusieurs, et bientôt le bouleversement de tous. La police et la culture, sont les deux moyens de prévenir une si grande révolution ; parce qu'elles enchaînent les hommes par leurs occupations, et les attachent tous à leur pays natal, pars les travaux que la Nature y exige.

Continuation de l'histoire générale des voyages, ou collection nouvelle 1°. Des relations de voyages par mer, découvertes, observations, descriptions, Omises dans celle de feu M. l'Abbé Prévost, ou publiées depuis cet Ouvrage. 2°. Des voyages par terre, faits dans toutes les parties du monde. Contenant. Ce qu'il y a de plus remarquable et de mieux avéré dans les Pays où les Voyageurs ont pénétré; touchant leur situation, leur étendue, leurs limites, leurs divisions, leur climats, leur terroir, leurs productions, leurs Lacs, leurs Rivières, leurs Montagnes, leurs Mines, leurs Habitations, leur principales Villes, leurs Ports, leurs Rades, et Avec l'Histoire, les Mœurs et les Usages des Habitans; leur Religion, leur Gouvernement, leurs Arts, leurs Sciences, leur Commerce, leurs Manufactures, etc. Tome XIX. Paris, Panckoucke, 1770.

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