Dialogue on the Threshold

Schwellendialog

15 January 2022

Suis-je celui qui rêve?

Chaque créature à son tour se trouve, tôt ou tard, avec plus ou moins de clarté, de continuité et surtout durgence, devant cette insistante question : suis-je celui qui rêve? Question aux aspects infinis, qui touche à nos raisons de vivre, aux choix que nous devons faire entre nos possibilités intérieures, au problème de la connaissance comme à celui de la poésie. (...) Est-ce moi qui rêve la nuit? Ou bien suis-je devenu le théâtre où quelquun, quelque chose, déroule ses spectacles tantôt dérisoires, tantôt pleins dune inexplicable sagesse? Lorsque je perds le gouvernement de ses images dont se tisse la trame la plus secrète, la moins communicable, de ma vie, leur assemblage imprévu a-t-il quelque rapport significatif avec mon destin, ou avec d'autres événements qui me dépassent? Ou faut-il croire que jassiste simplement à la danse incohérente, honteuse, misérablement simiesque, des atomes de ma pensée, livrés à leur absurde caprice?

Albert Béguin, LÂme romantique et le rêve. Essai sur le romantisme allemand et la poesie française, Libraire José Corti, Paris, 1939
 
Every being in turn finds itself, sooner or later, with greater or lesser lucidity, continuity and, above all, urgency, faced with the pressing question: Am I the one who dreams? A question of endless facets, which touches on our very reasons for living, on the choices that we have to make between our inner potentialities, on the problem of knowledge and that of poetry alike. (...) Is it I who dreams at night? Or have I simply become the theatre where somebody or something stages performances that are now ridiculous, now filled with inexplicable wisdom? When I lose control of its images, from which is woven my lifes most secret, least communicable fabric, does their unexpected assembly have any significant relationship to my fate, or else other events that are beyond me? Or am I to believe that I merely witness the incoherent, shameful, wretchedly ape-like dance of my minds atoms, given over to absurd whim?


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